Ça prend de l’air

Il faut que ça respire, même sous le revêtement extérieur! 

Le projet était attrayant : l’agrandissement d’une maison dans le secteur de Vaudreuil-Dorion. Notre entrepreneur avait le mandat de tout faire : fondation, structure, isolation, revêtement extérieur, etc. 

10 juillet 2018

Pour cette dernière partie, le client avait choisi un revêtement en bardeaux de cèdre noir. Les étapes de construction s’enchaînent et vont bon train. Lors de l’installation du revêtement extérieur, l’entrepreneur installe le revêtement directement sur le revêtement intermédiaire en contreplaqué. Ce dernier est recouvert d’une membrane de polyoléfine (Tyvek). 

Une année passe et, malgré une satisfaction générale du projet, le client se plaint d’une déformation du revêtement en bardeau de cèdre. Lors de certaine période de l’année et particulièrement sur certains endroits de la façade, les coins des feuilles de bardeaux de cèdre relèvent de façon anormale. Le client mentionne à notre entrepreneur que la situation semble beaucoup plus apparente sur les façades exposées au soleil, soit au versant sud. 

En effet, comparativement à d’autres matériaux, le bois n’est pas une matière inerte. Son taux d’humidité sera influencé par celui de l’air ambiant. L’absorption ou désorption d’humidité par le bois est susceptible d’engendrer une variation dimensionnelle. 

Dans le cas des bardeaux de cèdre posés par notre entrepreneur, plusieurs facteurs pourraient expliquer le phénomène. Une vérification du taux d’humidité dans le bois avant la pose ainsi qu’une bonne fixation du revêtement sont des éléments à préconiser avant et lors de la pose. Cependant, dans le cas qui nous intéresse, c’est plutôt le manque de ventilation qui semble être la cause du problème. 

Pourtant, l’entrepreneur avait effectué toutes les vérifications avant de commencer l’installation. Le CCQ 2015, à la section 9.27. (qui traite des revêtements extérieurs), n’exigeait pas la coupure de capillarité à l’arrière du revêtement extérieur étant donné le secteur où la construction avait lieu. La coupure de capillarité est un espace d’air d’au moins 10 mm qui doit être prévu à l’arrière d’un revêtement. Le guide d’installation du manufacturier, quant à lui, ne mentionnait pas l’obligation d’avoir une lame d’aire à l’arrière du bardeau de cèdre. 

Malgré tout, le bois est un matériau dynamique, influencé par plusieurs sources d’humidités. La ventilation à l’arrière d’un revêtement empêche, entre autres, que l’eau et l’humidité s’accumulent sur la face interne du revêtement. Avec un espace d’air à l’arrière, le revêtement est moins sujet aux variations d’humidité, surtout sur les faces exposées au soleil, qui ont tendance à s’assécher plus rapidement. Cet espace est doublement important quand un revêtement est de couleur foncée, étant donné que celui-ci attirera plus de chaleur. 

Dans le cas à l’étude, la face interne du revêtement reste gonflée alors que la face externe du revêtement s’assèche et cherche à rétrécir. C’est à ce moment que les coins de feuille relèvent de façon anormale. 

Il aurait été sage pour l’entrepreneur d’installer un produit capable de créer une lame d’air à l’arrière du bardeau de cèdre avant de le poser. Ceci aurait évité d’avoir une trop grande variation d’humidité entre les faces interne et externe du revêtement. Un matériau à mailles ouvertes non sensible à l’humidité, tel que le Cedar Breather, aurait fait le travail dans ce cas.