Couler une dalle intérieure en hiver : possible, mais loin d’être béton

Un projet de dalle de béton l’hiver dans une maison habitée 

Les propriétaires d’une maison centenaire décident de couler une dalle de béton pour faire leur plancher de cave. Bien que la hauteur plancher-plafond ne permette pas d’aménager la cave comme un sous-sol, ils jugent utile la mise en place d’un plancher de béton puisque l’espace servira de rangement. En conséquence, la dalle de béton restera apparente. 

29 août 2017

Ayant beaucoup d’autres travaux à effectuer sur leur maison qu’ils tentent de mettre au goût du jour, l’étape de la coulée de béton pour la dalle de plancher de la cave devrait se faire en période hivernale afin de respecter l’échéancier qu’ils se sont fixé. L’entrepreneur retenu pour effectuer les travaux les rassure en disant qu’il est possible de couler une dalle intérieure en période hivernale. 

L’entente est signée et les travaux sont réalisés à la mi-janvier, lors d’un redoux. Au cours de l’hiver, les propriétaires remarquent la présence de condensation excessive sur les fenêtres. Il s’agit d’un phénomène pour le moins curieux puisque les fenêtres ont toutes été remplacées à l’automne précédent les travaux de bétonnage. 

De plus, la facture d’électricité a augmenté considérablement, ce qui s’explique sûrement par le fait que le chauffage a été surutilisé pour accélérer la prise du béton. 

Au début de l’été, les propriétaires constatent la présence de fissures de retrait en nombre important. Ils remarquent aussi que les fissures sont d’une taille appréciable. 

Après investigation, voici ce qui s’est passé. 

Bien qu’il soit techniquement possible de couler une dalle de béton intérieure en période hivernale, cette pratique est déconseillée dans une construction habitée. Sachant qu’un mètre cube de béton contient environ 175 litres d’eau, cela représente environ 1 125 litres d’eau pour une dalle de plus ou moins 800 pi ca (74,3 m3). Cet apport d’eau non négligeable à l’intérieur de la maison aura comme conséquence d’augmenter considérablement le taux d’humidité relative ambiant sur une période d’au moins un mois. 

De plus, puisque la maison est habitée, les résident·e·s augmentent l’apport d’humidité par leurs activités quotidiennes, ce qui n’est pas le cas lorsqu’il s’agit d’un bâtiment en construction. Dans un bâtiment habité, contrairement à un bâtiment en construction où les portes s’ouvrent et se ferment continuellement, les occupant·e·s tentent de limiter au maximum les infiltrations d’air froid et sec pour s’assurer un certain confort. 

Dans le cas présent, l’apport excessif d’humidité dans l’air ambiant s’est tout de suite déposé sur les surfaces froides, créant la condensation aux fenêtres. Dans ce cas-ci, les propriétaires ont été chanceux puisqu’ils ont réagi à temps. Mais la présence de cette condensation aurait très bien pu endommager les fenêtres ou même l’enveloppe du bâtiment. 

L’apparition des fissures de retrait en si grand nombre et de dimensions plus importantes que la normale s’explique par la surutilisation du chauffage. D’une part, utiliser le chauffage pour accélérer la prise du béton est une erreur. Cela a plutôt augmenté la vitesse d’évaporation de l’eau, ayant comme conséquence l’apparition des fissures en nombre et dimensions excessifs. 

Finalement, la facture d’électricité a surtout augmenté en raison du taux d’humidité anormalement élevé, puisque l’eau requiert beaucoup plus d’énergie que l’air pour être chauffée. Ce même phénomène explique aussi le fait que les propriétaires ont dû être très inconfortables durant tout l’hiver dans leur maison. 

Bref, il est préférable d’effectuer les coulées de béton à l’intérieur en dehors de la saison de chauffage. La maison sera en meilleure condition pour absorber et évacuer le surplus d’humidité, et ce, sans affecter le confort des occupant·e·s.