L’adaptabilité… ou l’habitation évolutive!
Une habitation, c’est plus qu’un simple abri!
Il s’agit d’un milieu de vie qui doit correspondre à nos besoins. Bien que les besoins évoluent au cours d’une vie, les constructions sont majoritairement statiques et sont difficilement adaptables.
Encore aujourd’hui, au moment où l’on parle de développement durable et d’empreinte écologique, l’aspect esthétique et l’importance d’être « tendance » prédominent sur l’efficience, le confort et la pérennité.
Les habitations ne sont généralement pas facilement adaptables à l’évolution des besoins de leurs occupants. L’arrivée d’un bébé, le départ des enfants, le vieillissement et la perte de mobilité des occupants sont quelques exemples d’évolution normale. Il n’est pas normal de devoir vendre sa maison et déménager pour avoir une habitation qui répond à nos besoins à chaque étape importante de la vie. Une maison n’est pas un bien de consommation ordinaire et jetable.
Prévoir dès le départ
Il est pourtant facile et peu coûteux de prévoir, dès la conception et la construction d’une habitation, des éléments permettant son adaptabilité. Par exemple, les portes intérieures comportent majoritairement des battants de 30 pouces (762 mm). Or, ce dégagement permet difficilement le déplacement d’un fauteuil roulant. Une porte de 32 pouces (813 mm) qui est adaptée au passage des fauteuils roulants ne coûte que 3 dollars de plus (battant, boîte et cadrage inclus).
Un autre exemple de conception simple et efficace est la disposition des prises et des interrupteurs électriques à des hauteurs plus conviviales. En installant les prises de courant à une hauteur minimale de 21 pouces (530 mm) du plancher et les commandes entre 41-3/8 pouces et 47-1/4 pouces (1 050 mm et 1 200 mm), celles-ci restent faciles d’accès pour les personnes en perte d’autonomie, tout en restant aussi conviviales pour les gens dans la force de l’âge.
Bien concevoir pour pouvoir modifier
Lorsque l’on parle d’habitation évolutive, il s’agit d’une habitation conçue de manière à pouvoir y apporter facilement des modifications. Par exemple, il est utile de prévoir des fonds de clouage afin d’ajouter des barres de soutien lorsque celles-ci seront requises derrière la cuvette ou au périmètre de la baignoire et de la douche.
Ainsi, il est sage de limiter les murs porteurs afin de pouvoir éventuellement décloisonner facilement. Il en est de même pour les fermes de toit que l’on préfère autoporteuses pour les faibles portées ou assemblées avec des fermes maîtresses pour les portées plus longues (les portées de 32 pieds et plus sont plus sujettes au phénomène du soulèvement des fermes de toit). De même, si le bâtiment comporte un garage, il est approprié qu’il soit d’une dimension suffisante pour être en mesure d’ouvrir les portières de voiture à leur pleine grandeur.
Certains concepteurs, plus audacieux et avant-gardistes que les autres, prévoient même l’emplacement futur d’un appareil élévateur. Une pièce-penderie (« walk-in ») avec des dimensions suffisantes et disposant d’une enchevêtrure au niveau de la structure de plancher permet l’aménagement d’une plate-forme élévatrice à peu de frais le moment venu. Évidemment, il faudra alors sacrifier le « walk-in »!
Seuils de porte
En ce qui concerne les seuils de portes extérieures, ils doivent laisser un dégagement, pour éviter les risques d’infiltrations d’eau. Des seuils adaptés pourraient être facilement substitués si besoin est. Il est possible d’en trouver dans des boutiques spécialisées.
D’ailleurs, ce type de seuil existe également lorsque des seuils de portes intérieures nuisent au passage de fauteuils roulants pour pénétrer dans une pièce. Il s’agit toutefois uniquement d’une méthode corrective lorsqu’il y a un seuil de porte. Par contre, il faut privilégier l’uniformité dans la hauteur entre les différents revêtements de sol.
Autres considérations
Habitation adaptable ne veut pas seulement dire habitation adaptable pour les fauteuils roulants. D’autres diminutions physiques peuvent nous rendre plus vulnérables avec le temps. Par exemple, la maladie et le vieillissement peuvent affecter grandement la vision ou la force de traction des mains.
Sachant qu’une forte proportion des accidents qui surviennent à la maison sont reliés aux escaliers, il pourrait être sage de sécuriser ce lieu de fréquents passages. Une meilleure conception des mains courantes, par exemple, pourrait rendre leur utilisation plus facile et sécuritaire. Pour que les mains courantes puissent guider les usagers et leur servir d’appui, il est recommandé de les prolonger de 12 pouces (300 mm) sur au moins un côté de chaque escalier, au haut et au bas de chaque volée d’escalier.
En conclusion, il est beaucoup plus économique de prévoir l’adaptabilité de son habitation dès sa construction que de déménager chaque fois que celle-ci ne répond plus à ses besoins. Pensons simplement aux frais de courtage immobilier, aux frais de notaire, au droit de mutation et aux coûts liés à un déménagement. Nous vivons de plus en plus vieux et nous sommes autonomes de plus en plus longtemps. Notre souhait à tous n’est-il pas de rester dans notre demeure le plus longtemps possible tout en y étant en sécurité?