La civilité au travail, un élément indispensable pour un milieu sain!

Dans une semaine normale de travail, nous passons souvent plus de temps avec nos collègues qu’avec les membres de notre famille. De ce fait, il serait naïf de penser que les comportements adoptés avec nos collègues n’ont aucune incidence sur nous. D’ailleurs, les études démontrent que la qualité des relations interpersonnelles au travail est un facteur de risque pour la santé psychologique1.

16 novembre 2021

La civilité au travail est un élément clé pour assurer un milieu de travail sain. Lors de sa conférence au Grand rendez-vous de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), Josiane Brouillard, conseillère en santé et sécurité du travail à l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur affaires sociales (ASSTSAS), a présenté ce sujet afin de nous aider à mieux comprendre en quoi consiste la civilité au travail et ses impacts possibles sur la santé psychologique des travailleurs2.

Mme Brouillard résume comme suit ce qui définit le civisme au travail : « La civilité, c’est l’ensemble de tous les petits sacrifices que l’on doit faire si l’on veut être capable de vivre ensemble ». Concrètement, la civilité au travail pourrait se traduire par des comportements simples tels que :

  • Saluer ses collègues en arrivant;
  • Faire preuve de ponctualité;
  • Être de bonne humeur;
  • Remettre les équipements empruntés au bon endroit et en bon état;
  • Garder l’environnement de travail propre.


À l’inverse, l’incivilité est une absence de considération pour les autres. La médisance et le commérage sont les comportements d’incivilité les plus courants, mais d’autres signes peuvent en démontrer. Par exemple, un·e collègue qui utilise un ton condescendant pour adresser des commentaires ou quelqu’un qui adopte une attitude négative adoptent des comportements relevant de l’incivilité. Comme Mme Brouillard l’explique, « l’incivilité au travail, c’est aussi des comportements de faible intensité par lesquels l’intention de nuire n’est pas claire. La personne qui pose des gestes d’incivilité n’a pas nécessairement l’intention de nuire, elle n’est pas toujours consciente que ce qu’elle dit ou ce qu’elle fait peut blesser, déranger ou humilier ». Bien que la civilité au travail ne soit pas la même chose que le harcèlement, la ligne entre les deux est parfois mince.

Mme Brouillard souligne que « les comportements d’incivilité peuvent conduire à des émotions négatives, telles que de la frustration, de la tristesse et de l’anxiété, chez les personnes qui les subissent. [...] Lorsque l’on arrive à la maison, plutôt que de vaquer à nos occupations personnelles, on rumine ce qui s’est passé au travail durant la journée. Quand nous faisons cela, nous ne rechargeons pas nos batteries et nous ne faisons pas d’activités qui nous permettent d’être reposés pour le lendemain. Nous appréhendons alors nos journées de travail, ce qui contribue à diminuer notre bien-être ».

« Ça part de soi, on doit forger au quotidien un milieu de travail où les relations sont saines et harmonieuses. Il y aura certainement des conflits ou des mésententes, c’est normal. C’est la façon d’aborder ceux-ci qui feront toute la différence », ajoute Mme Brouillard.

Pour prévenir l’incivilité au travail, l’experte souligne un point important : « La civilité au travail, c’est semblable à la prise en charge en santé et sécurité au travail. Les employeurs et les travailleurs ont des responsabilités quant aux paroles dites et aux gestes posés dans leur milieu de travail. » Parmi les mesures préventives, l’employeur peut, par exemple, inclure une politique de prévention de l’incivilité au travail à sa politique de prévention du harcèlement psychologique (les deux étant intimement liées). Les actions à poser en cas d’incivilité et les comportements adéquats attendus de la part de chacun doivent être bien définis. S’il y a lieu, les gestionnaires doivent intervenir et faire cesser tout comportement d’incivilité, en plus de gérer les conflits, sans céder aux leaders négatifs.

Pour les travailleurs et travailleuses, il est important de s’assurer de respecter la politique de l’entreprise en matière de civilité et d’éviter de faire des commérages ou de les alimenter. Comme l’indique Mme Brouillard, les gens qui aiment faire du commérage recherchent souvent l’attention : si cela ne leur en apporte pas, ils seront moins tentés d'en faire. En situation de conflit, elle suggère de commencer par en parler avec la personne concernée en restant calme, en faisant montre de courtoisie et en choisissant un moment approprié. Elle recommande également de documenter les situations avec des faits, et non avec des interprétations (ce qui a été dit, quand, en présence de qui, etc.), de s’exprimer en employant le « je » et de laisser place à la communication en permettant à l’autre d’expliquer aussi son point de vue. L’objectif de la discussion est de convenir d’une entente. Si cette dernière n’est pas respectée, une rencontre avec le gestionnaire est alors appropriée.

En résumé, nous avons tous à gagner en faisant preuve de civisme au travail. La courtoisie et l’amabilité sont indispensables à un milieu de travail sain et au bien-être personnel, faites-en usage sans modération!

Pour en savoir plus, communiquez avec l’équipe de notre Service de la santé et de la sécurité du travail, au 438 315-6818 ou 1 800 468-8160.

1 Selon les études du professeur Jean-Pierre Brun, de l’Université Laval.
2 Résumé complet de la conférence : https://www.preventionautravail.com/reportages/664-civilite-travail-question-de-prevention.html - Magazine de la CNESST Prévention au travail, parution mars 2019.