Méfiez-vous de l’eau qui dort!
De l’eau par la jonction du nouveau et de l’ancien
Un entrepreneur se fait confier le mandat d’agrandir un cottage construit à la fin des années 1990. Le projet en question consiste à réaliser un agrandissement d’environ 16 pi x 24 pi au rez-de-chaussée et au sous-sol. Par conséquent, les plans prévoient une fondation standard de mur de béton sur semelles filantes.
Le projet est assez simple et l’entrepreneur le réalise sans pépin. Même qu’il livre le projet au début de l’automne, alors que le délai d’exécution était fixé à la mi-novembre. Les clients sont pleinement satisfaits.
Pourtant, au printemps, ils constatent la présence d’une trace d’eau sur la dalle du sous-sol de l’agrandissement, lequel n’est pas fini puisqu’il sert principalement de rangement. Inquiets, ils communiquent avec leur entrepreneur. Celui-ci vient constater les faits et décide de faire passer une caméra dans le drain de fondation de l’agrandissement.
Rien d’anormal n’est constaté; les pentes sont bonnes et aucune obstruction n’est notée. De plus, l’entrepreneur avait bien pris soin de recouvrir le drain d’un remblai granulaire de 6 po au pourtour ainsi qu’au-dessus, créant une pente pour favoriser l’éloignement de l’eau.
N’écoutant que son courage, l’entrepreneur poursuit son investigation, bien décidé à trouver la cause du problème. Il entreprend de passer la caméra dans le drain du bâtiment existant. Les clients l’avisent pourtant qu’en 25 ans, ils n’ont jamais remarqué de signe de déficience au niveau du drainage. Le sous-sol a toujours été sec et l’humidité facile à contrôler.
Premier indice : le drain a 25 ans, il a donc atteint sa durée de vie utile. Le deuxième indice est déterminant : la caméra montre que le drain du bâtiment existant est bloqué tout près de sa jonction avec le drain de l’agrandissement. Voilà décidément la cause de l’infiltration d’eau. Celle-ci s’est accumulée à cet endroit précis et comme le drain existant était bloqué, il n’a pas pu effectuer son travail. L’eau est donc entrée par le chemin le plus facile : la jonction de l’existant et du nouveau.
Bien que personne ne soit en mesure de dire depuis combien de temps le bouchon est présent dans le drain existant, il est certain qu’il s’est créé bien avant les travaux d’agrandissement. Comment se fait-il que l’eau ne soit jamais entrée dans le bâtiment auparavant? Et qu’une telle situation survienne dès les travaux d’agrandissement?
Lorsque des travaux sont envisagés, que ce soit en construction neuve ou en rénovation, il est primordial de connaître les conditions existantes environnantes (bâtiment existant, caractéristiques physiques du terrain, stratigraphie du sol, etc.).
Dans le cas présent, il aurait été requis d’inspecter le drain existant avant de procéder aux travaux. En excavant pour réaliser les fondations de l’agrandissement, les conditions du sol ont changé, tout comme les capacités de drainage du site, entraînant un apport d’eau soudain et considérable. Le drain de l’agrandissement ayant été bien exécuté, il a été en mesure d’effectuer son travail. Mais le bouchon présent dans le drain existant s’est avéré fatal.
Si le drain existant avait été inspecté avant le début des travaux, l’entrepreneur aurait su que ce dernier était bloqué et qu’il avait atteint sa durée de vie. Les conséquences auraient pu être évitées et les travaux de remplacement du drain se seraient avérés beaucoup moins coûteux puisqu’ils auraient pu être réalisés en même temps que les travaux d’agrandissement.
La question de la responsabilité ne se serait également pas posée, évitant ainsi bien des soucis et des conflits.
Assurez-vous de bien connaître les conditions existantes avant d’entreprendre des travaux, que ce soit de construction neuve ou de rénovation, sans quoi vous risquez de réveiller l’eau qui dort.