Obstructions inattendues dans les vides sous toit
Quatre désordres de construction le même mois
Quatre projets de rénovation, quatre désordres similaires, quatre entrepreneurs dont les dossiers ont été traités par le Service technique de l’APCHQ.
Les désordres de construction prennent différentes formes, mais quatre désordres similaires au cours du même mois, c’est une tendance lourde.
Apparition des problèmes
Il n’y a pas que les érables qui coulent avec le retour du temps plus chaud, les problèmes demeurés cachés tout l’hiver font aussi leur apparition sous forme d’infiltrations d’eau aux plafonds et aux murs du dernier étage. Des problèmes de condensation excessive dans le vide sous toit, une eau qui s’est accumulée, qui a gelé puis fondu laissant paraître des traces visibles sur les surfaces intérieures des maisons.
Dans la moitié des cas, la situation a été aggravée par la formation de barrages de glace nouveaux ou pires qu’avant les travaux.
Au départ, des projets de rénovation de maisons des années 1930 et 1940, réfections de toitures ou agrandissements avec réfection de la toiture de la maison existante, puis le « tant qu’à y être, pourquoi ne pas en profiter pour ajouter de l’isolation dans le vide sous toit? ». Dans tous les cas, on a ajouté une application limitée de polyuréthane giclé à la rencontre de la solive de rive et du « plancher » du vide sous toit, afin de réduire les exfiltrations d’air. On a même prévu des glissières en styromousse ou en bois (p. ex., styrovent) pour assurer une ventilation entre le soffite et le vide sous toit.
Quel est le problème?
Dans l’ensemble, l’application limitée de polyuréthane a débordé les zones visées et a obstrué le soffite et les glissières. L’installation déficiente peut être attribuée à une erreur par débordement involontaire de la mousse ou par une décision volontaire, mais contraire à une bonne connaissance de la science de l’enveloppe du bâtiment. D’une façon ou d’une autre, on venait de couper le mouvement de l’air nécessaire à la ventilation du vide sous toit et à l’évacuation de l’air humide qui aurait pu atteindre cet espace.
On constate que le polyuréthane giclé provenait de différents fabricants : toutes les couleurs étaient représentées. Ce n’était pas un problème attribuable au produit, mais à une application incontrôlée ou encore à une application volontaire ultimement très nuisible.
Facteurs provoquant un réchauffement
Un des désordres constatés concerne l’aggravation de conditions de barrages de glace. On soupçonne une combinaison de facteurs provoquant un réchauffement de la sous-face du support de toit :
- Des pertes de chaleur préexistantes vers la cavité murale peu ou pas isolée;
- Le réchauffement de l’espace d’air derrière le parement de maçonnerie (ou autre) par l’action du soleil ou l’augmentation de la température extérieure;
- Un blocage total ou partiel de la ventilation censée être procurée par les soffites;
- La présence de luminaires encastrés et non étanches à l’air au plafond du dernier étage.
Réduire le mouvement de convection d’air réchauffé
Endiguer ces possibilités demande une dose de logique et d’innovation. On suggère de réduire le mouvement de convection d’air réchauffé au sommet de la lame d’air par les actions suivantes :
- Obstruer le haut de la lame d’air par un matériau offrant une relative résistance au passage de l’air tout en laissant passer la vapeur d’eau, comme la laine minérale (p. ex., la Roxul ComfortBatt);
- Percer des chantepleures additionnelles sous le premier rang de brique au sommet du mur afin de permettre à la vapeur d’eau de sortir de l’espace de lame d’air.
Qui est responsable?
Il faudra analyser les dossiers au cas par cas pour le dire. Cela dépend de la personne qui a retenu les services de l’applicateur, des instructions données à celui-ci : connaissait-il la nature des autres travaux prévus ou en cours? Quoi qu’il en soit, l’entrepreneur spécialisé comme tout autre entrepreneur a un devoir d’informer le propriétaire et l’entrepreneur des conséquences d’obstruer les soffites. Là encore, qui était chargé de mettre en place les glissières, de s’assurer de leur libre fonctionnement?
La responsabilité retombe la plupart du temps sur les épaules de l’entrepreneur principal qui doit coordonner les actions des autres et s’assurer qu’elles sont bien exécutées.
En terminant, voici quelques remarques sur la taille des ouvertures de ventilation des soffites. Non, la taille des orifices, leur nombre et leur répartition ne sont pas toutes égales d’un fabricant à l’autre. Dans l’exemple qui suit, les ouvertures occupent moins de 2 % de la surface du soffite.
Le CCQ 2015 demande que, pour les toits dont la pente est de 1 : 6 ou plus, « la surface libre de l’ensemble des orifices de ventilation soit d’au moins 1/300 de la surface du plafond recouvert d’un isolant » (paragraphe 9.19.1.2. 1)). Pour un bâtiment de 1 000 pieds carrés, le Code demande donc 3,3 pieds carrés de surface libre, répartie à divers endroits du toit (paragraphe 9.19.1.2.3)). Le petit soffite d’un toit à deux versants mesurant à peine 8 ou 9 pouces de largeur et perforé à 2 % de sa surface contribue à moins d’un pied carré de surface libre de ventilation. C’est une situation limite, parfois légèrement contrebalancée par d’autres orifices du toit. Si les orifices des soffites sont obstrués, même à 50 %, on permet à la condensation de s’accumuler et on invite les désordres.
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