Quand un détail mène à de grands travaux!
L’entrepreneur qui a appris à accorder toute son attention aux détails
Un entrepreneur se voit dans l’obligation de remplacer au complet un drain de fondation bloqué partiellement, à un endroit bien précis. Comme moi, vous vous posez déjà la question suivante : mais pourquoi remplace-t-il le drain au complet s’il n’est bloqué qu’à un seul endroit? Laissez-moi vous raconter l’histoire de cet entrepreneur qui s’est fait prendre en défaut pour un détail qui n’a rien à voir avec la problématique d’origine, mais qui devra pourtant en payer le prix.
Il y a environ deux ans, Michel livrait une maison neuve à ses clients. Au début de l’été, les propriétaires le mettent en demeure de venir trouver et corriger la cause d’une infiltration d’eau survenue au sous-sol.
En professionnel responsable, Michel se rend sur place et procède à une inspection. Il décide de vérifier le drain à l’aide d’une caméra puisque, selon les indices visibles, tout porte à croire que la cause pourrait résulter d’une défaillance du drain de fondation.
L’inspection par caméra s’avère concluante. Le drain est bloqué par de l’ocre ferreuse dans le coin avant droit de la fondation. Michel est rassuré, le correctif à réaliser est assez simple, il lui suffira de creuser localement, de déboucher le drain et d’installer des cheminées de nettoyage afin de faciliter l’entretien, à faire par les propriétaires. Les travaux sont prévus pour la semaine suivante.
Dans l’intervalle, les propriétaires informent Michel d’attendre avant de procéder aux travaux correctifs puisqu’ils souhaitent faire étudier la situation par un expert. L’entrepreneur n’y voit pas d’inconvénients. Après tout, la cause est tellement évidente, si ça peut rassurer les propriétaires d’avoir un autre avis, ça peut également être bon pour lui.
C’est ici que les choses se corsent. Après avoir procédé à une excavation exploratoire, l’expert des propriétaires prétend que la défaillance du drain découle de trois raisons : il est obstrué (tout comme l’avait découvert Michel), il n’a pas le dégagement minimal requis par le code de 6 po entre son côté et la semelle ni au-dessus, puisqu’il a été remblayé à égalité avec le dessus de la semelle.
Vous en conviendrez, le dégagement entre le tuyau de drainage et le côté de la semelle n’a rien à voir avec le fait que le drain soit obstrué, bien que le Code exige bel et bien un dégagement de 6 po.
Les propriétaires étant maintenant convaincus par leur expert que le tuyau de drainage des fondations doit être repositionné entièrement, ils déposent une demande à la Cour du Québec, division des petites créances.
Le dégagement de 6 po exigé entre le côté du conduit et la semelle ainsi que le 2 po de pierre manquant n’ont rien à voir avec le problème d’origine, c’est-à-dire l’obstruction du drain. En revanche, les propriétaires sont maintenant convaincus du contraire et l’entrepreneur devra acheter la paix en payant pour refaire l’ensemble des travaux, ou investir une somme équivalente et beaucoup de temps et de souci pour aller se défendre à la cour (sans aucune garantie que le juge lui donne raison à 100 %).
Cependant, cette déficience découverte en explorant un tout autre problème est venue assombrir lourdement les interventions prévues initialement. Un simple détail n’ayant pourtant rien à voir avec le problème d’origine peut s’avérer lourd de conséquences. Soyez attentifs et avisés. Pour vous faciliter la tâche, utilisez les fiches du recueil des points de contrôle, elles sauront vous guider à chaque étape de votre chantier et vous éviter des petits oublis… et vous épargner bien des soucis!