Un simple appel peut alléger bien des conséquences!
Il était une fois des allèges jointoyées sans solins
Un entrepreneur comptant plusieurs années de métier, et produisant un volume annuel important de maisons neuves unifamiliales et jumelées, fait inspecter ses chantiers en cours par le plan de garantie obligatoire pour la première fois. Confiant, n’ayant rien à se reprocher, il ne se soucie pas trop du rapport d’inspection à venir.
Lors de la réception de ce dernier, il reste bouche bée! L’inspecteur du plan de garantie obligatoire soulève l’absence de solins sous les allèges jointoyées des appuis des fenêtres et lui demande de corriger cette déficience dans les dix jours.
Stupéfait, l’entrepreneur ne comprend pas trop l’avis de l’inspecteur du plan de garantie obligatoire. Les allèges sont composées de seulement deux pièces de maçonnerie positionnées bout à bout (voir croquis 1), nécessitant ainsi l’exécution d’un seul joint, et non de brique en panneresse debout (voir croquis 2).
Il n’est pas rare de constater une ambiguïté en ce qui concerne l’interprétation de ces deux types d’allèges en maçonnerie. Plusieurs croient, à tort, que seules les allèges composées de briques en panneresse debout ou encore en boutisse (voir croquis 3) sont des allèges jointoyées. Or, à partir du moment où il y a un seul joint, il s’agit d’une allège communément appelée jointoyée.
Dans ce cas précis, l’inspecteur du plan de garantie obligatoire a tout à fait raison de demander un correctif puisque selon l’article 9.20.13.3.1) a) du CCQ 2015, il est exigé qu’un solin soit exécuté au-dessous des appuis des fenêtres en maçonnerie jointoyés.
Une tablette de fenêtre est un élément du bâtiment très exposé aux intempéries, notamment à la pluie. Par conséquent, elle doit être en mesure d’évacuer rapidement cette eau et de s’assécher convenablement. En fait, la principale lacune de ce détail de construction, pourtant utilisé à outrance, réside dans le matériau. Le mortier agit comme une éponge et absorbe l’eau à une vitesse phénoménale, lui permettant de faire son chemin vers le dessous de la fenêtre pour ensuite atteindre l’ossature du mur.
À moyen ou long terme, les joints de mortier se dégradent, laissant l’eau pénétrer par absorption et permettant aux cycles de gel et dégel d’agrandir les fissures. S’ensuit la pénétration de l’eau de plus en plus loin dans l’enveloppe du bâtiment et finalement, un beau matin, on constate une détérioration de la tablette intérieure de la fenêtre. Voilà que le mal est fait, et que le pire est à venir.
La présence du solin au-dessous des allèges en maçonnerie – bien que trop rarement présente – prend tout son sens et demeure d’une importance capitale pour assurer et préserver l’intégrité de l’enveloppe du bâtiment.
Revenons à notre histoire : s’il ne s’agissait que de quelques fenêtres, notre entrepreneur n’aurait pas tant de soucis puisque le correctif est relativement facile à apporter. Mais qu’en est-il quand on parle de plusieurs bâtiments, plusieurs fenêtres? Une solution de rechange est-elle envisageable?
À la réception du rapport du plan de garantie obligatoire, l’entrepreneur communique avec le Service technique de l’APCHQ qui lui suggère de retirer le mortier constituant le joint entre les deux pièces de maçonnerie et d’appliquer un scellant hydrofuge à haute performance à base d’eau. Le raisonnement derrière cette solution de rechange est soutenu par la partie 5 du CCQ 2015 Séparation de milieux différents, où il est mentionné qu’un composant ou encore un ensemble de construction qui est exposé aux précipitations doit être exécuté afin de réduire au minimum l’infiltration dans le composant ou l’ensemble et d’empêcher ces précipitations d’entrer à l’intérieur du bâtiment.
Notez que ce genre de situation demeure du cas par cas, et qu’il est requis de respecter d’emblée les exigences règlementaires. Par conséquent, il est nécessaire de procéder à l’exécution d’un solin sous l’allège dès le départ.
N’hésitez pas à communiquer avec le Service technique de l’APCHQ lorsque vous faites face à un problème technique ou règlementaire.