Une histoire de fantôme à faire peur… au portefeuille de l’entrepreneur·e
L’entrepreneur qui commençait à croire aux fantômes
Rive-Sud de Montréal, un 31 octobre. Un couple de jeunes adultes prend possession de sa nouvelle maison. Ce qui devait être le commencement d’une nouvelle vie remplie de bonheur et de projets tourna vite au cauchemar pour les jeunes propriétaires.
Ce que vous vous apprêtez à lire n’a rien à voir avec les histoires à faire peur autour d’un feu un soir de pleine lune. Ce récit à vous donner froid dans le dos est bien différent, parce qu’il est réellement arrivé à un·e entrepreneur·e près de chez vous, et peut-être même à vous! Croyez-vous aux fantômes?
Tout a commencé le soir de l’Halloween, où le vent dépouillait les arbres de leurs dernières feuilles. Le genre de soirée où les éclairs illuminent le ciel de leurs rayons argentés, telles des lames de couteaux tranchant l’air d’un geste rapide et vif.
La réserve de bonbons écoulée, le jeune couple décide d’éteindre les lumières et de monter se coucher à l’étage. Bien blottis dans le confort de leur nouvelle maison, ils sombrent tous deux dans un sommeil profond. Soudain, un bruit sournois de grésillement se fait entendre dans le mur au-dessus de leurs têtes.
Ils se réveillent en sursaut, ne sachant trop ce qui se passe. Le bruit retentit de plus belle, cette fois avec encore plus de force. Ce manège dure environ deux heures. Les soirs suivants, plus rien. Peut-être une mauvaise blague de quelques amis? Après tout, c’était la fête de l’Halloween.
Puis le bruit se manifeste à nouveau. Toujours localisé dans le mur au-dessus de leurs têtes. La jeune femme dit alors à son conjoint : « C’est peut-être un fantôme? Après tout, un bête accident de travail est survenu pendant le chantier. Peut-être que l’esprit du travailleur est présent et qu’il veut nous dire quelque chose d’important? » L’homme éclate de rire et dit à sa femme qu’il contactera l’entrepreneur le lendemain matin.
Celui-ci se présente sur les lieux pour tenter de trouver une explication (plus logique qu’un fantôme) à ce mystérieux bruit nocturne. Évidemment, il n’a pu entendre le bruit, mais selon les dires des propriétaires, combinés à ses constatations visuelles, il en conclut que c’est probablement le revêtement de vinyle qui claque. Bien que la femme insiste sur le fait que le bruit vienne de l’intérieur du mur, il entreprend de refaire le revêtement en façade latérale.
Malheureusement, le bruit persiste toujours les nuits où le vent se lève. À bout de nerfs à cause du manque de sommeil, les propriétaires rappellent l’entrepreneur. Ce dernier entreprend de refaire le soffite sur cette même façade. En vain, encore une fois. Il décide d’aller inspecter l’entretoit, mais ne voit rien d’anormal. Il en vient même à se dire que la thèse du fantôme n’est peut-être pas si absurde que ça, après tout.
Les propriétaires n’en peuvent plus, le bruit est toujours présent et semble s’intensifier. L’entrepreneur est à court de solutions. Il décide de dégarnir le mur de son revêtement extérieur, tout juste refait à neuf, et de demander l’assistance d’un expert du Service technique de l’APCHQ.
Lors d’une inspection dans le comble de toit, le conseiller technique remarque qu’au niveau du pignon, il y a absence de revêtement intermédiaire et qu’une seule couche de membrane pare-intempéries a été installée. Il constate aussi qu’une section du pare-intempéries n’est pas scellée avec du ruban adhésif de construction.
Premièrement, il faut savoir que même si le Code permet de ne pas installer de revêtement intermédiaire, celui-ci exige, en pareille circonstance, d’appliquer au moins deux couches de membrane pare-intempéries sous le revêtement extérieur et de s’assurer que tous les joints seront localisés au droit des éléments d’ossature. La membrane devra être fixée avec des clous pour couverture ou des agrafes à 150 mm (6 po) c/c maximum.
La couche de membrane pare-intempéries située directement sous le revêtement extérieur doit être installée de façon que les joints se chevauchent d’au moins 100 mm (4 po), le rang supérieur sur le rang inférieur (si la membrane est appliquée horizontalement).
Contrairement à la croyance populaire, il n’est pas requis de sceller les joints de la membrane pare-intempéries, à moins que celle-ci fasse partie du système pare-aire de l’enveloppe du bâtiment. Ce qui n’est pas le cas dans cette histoire. Cependant, comme l’entrepreneur avait scellé la membrane et omis une section dans le pignon, avec la force et la direction du vent, celle-ci claquait contre l’ossature, créant le bruit infernal entendu par les propriétaires. S’il y avait eu un revêtement intermédiaire sous la membrane de revêtement intermédiaire, celle-ci aurait été appuyée et n’aurait pas pu claquer au vent.
Et si l’esprit du travailleur avait aidé à faire dégarnir le mur pour corriger l’absence de la seconde membrane pare-intempéries et ainsi prévenir d’éventuels dommages causés par l’eau, croiriez-vous aux fantômes?