Une structure pas de colonnes!

Une histoire d’usure prématurée des colonnes

Il y a environ trois ans, M. et Mme Poirier ont réalisé leur rêve de s’installer à la campagne pour bien profiter de leur retraite. Ils se sont fait construire leur maison de rêve, de style champêtre, avec l’interminable galerie couverte faisant deux façades complètes et les jardinières débordant de pétunias… Bref, vous voyez le genre.

12 septembre 2023

En nettoyant ses jardinières, Mme Poirier s’aperçoit que la base d’une des colonnes supportant la toiture de la galerie présente une tache brunâtre. En voulant l’essuyer, l’aluminium se détache telle une feuille de papier. La retraitée se met donc à observer attentivement toutes les colonnes et constate que plusieurs présentent les mêmes signes de détérioration. Pourtant la maison n’a que trois ans...

Mme Poirier prend donc l’initiative de communiquer avec l’entrepreneur ayant réalisé les travaux de construction de sa résidence afin de lui faire part de la situation qu’elle juge anormale.

Ayant à cœur le service à la clientèle – et sa réputation –, l’entrepreneur propose de se rendre sur place pour voir de quoi il en retourne. Tout d’abord, il remarque que le scellant requiert un entretien. Selon lui, les traces brunâtres sont possiblement la conséquence d’une légère infiltration d’eau sous le revêtement d’aluminium. Il explique alors au couple qu’ils devront procéder sous peu à cet entretien qui relève de leur responsabilité.

Mais sa cliente insiste et lui montre l’endroit où l’aluminium se détache trop facilement. Curieux, l’entrepreneur enlève une partie du revêtement d’aluminium, c’est alors qu’il découvre la surprise : la colonne de bois composée de madriers en épinette est complètement pourrie. Après avoir dévêtu toutes les colonnes, il constate qu’elles sont toutes dans un état de pourriture avancée.

L’entrepreneur propose donc le remplacement complet des colonnes par une structure en bois traitée recouverte d’aluminium, comme à l’origine. Mauvaise solution… M. et Mme Poirier ne sont pas sortis de la campagne!

Comment éviter l’apparition de la pourriture prématurée des colonnes?

Bien que l’article 9.27.2.2. 4) du C7CQ 2015 spécifie que seuls les murs qui renferment des espaces qui abritent des habitations ou des espaces qui desservent directement des espaces qui abritent des habitations doivent être munis d’un deuxième plan de protection, il aurait été judicieux, dans le cas présent, de revêtir la structure de bois d’un pare-intempéries bien chevauché et bien scellé afin d’assurer l’intégrité de la structure.

Une membrane autocollante aurait également pu être utilisée en remplacement du pare-intempéries. Toutefois, si vous envisagez cette solution, assurez-vous que le type de membrane choisi est compatible avec l’aluminium (voir les fiches techniques des fabricants).

Puisque le CCQ 2015 n’exige pas de deuxième plan de protection dans pareil cas, le revêtement d’aluminium aurait dû comporter un espace, idéalement à la base des colonnes pour permettre l’écoulement de l’eau. Il faut éviter de mettre du scellant à la base des colonnes, car cela emprisonne l’eau là où elle ne doit pas rester.

Finalement, la base des madriers aurait dû être désolidarisée par un matériau de protection pour éviter que l’eau n’atteigne le bois par capillarité.

Qu’en est-il de la solution apportée par l’entrepreneur?

L’entrepreneur envisageait de remplacer les madriers d’épinette par du bois traité pour éviter la pourriture. Sachez qu’en aucun cas le bois traité ne doit entrer en contact avec l’aluminium. Le traitement utilisé sur le bois pour contrer la pourriture réagit chimiquement avec les métaux tels que l’aluminium et le cuivre (contenu dans l’aluminium), ce qui provoque un effet de corrosion précipitée.

La morale de cette histoire

Ne négligez pas les colonnes supportant les toitures, si petites soient-elles. Ces colonnes, bien qu’extérieures, font partie intégrante du bâtiment et sont structurales. Elles doivent donc être conçues et réalisées avec la même attention que l’enveloppe du bâtiment, puisque leur usure prématurée porte atteinte à l’intégrité structurale du bâtiment.