Faut-il prendre la poudre d’escampette?
Une histoire de suie dans une construction neuve
La dernière unité d’un bâtiment de six copropriétés a finalement été livrée à la fin de l’automne dernier. Libéré de ce projet, Michel, notre entrepreneur, peut maintenant relaxer un peu en janvier et planifier ses prochains chantiers pour le printemps.
Pensant passer une petite journée d’hiver tranquille dans le confort de sa maison, il reçoit un appel de sa cliente, totalement affolée, qui lui dit : il y a un problème électrique dans mon condo! Ce n’est pas normal, il y a de la suie qui sort des thermostats et des plinthes électriques. Michel, il faut que tu t’en occupes tout de suite, sinon je serai dans l’obligation d’appeler les pompiers!
Michel se rend immédiatement sur place pour constater les dires de sa cliente. Il remarque qu’effectivement de la poudre noire, comme de la suie, laisse des traces au-dessus des thermostats et des plinthes électriques. Michel décide donc de s’informer auprès des autres copropriétaires pour voir si le phénomène se reproduit dans d’autres unités. Après tout, c’est le même électricien qui a installé ces appareils dans tout le bâtiment. D’ailleurs, Michel travaille depuis des années avec le même sous-traitant et n’a jamais eu de problèmes.
Après enquête, il appert que le phénomène se produit uniquement chez madame. Ne sachant trop quoi en penser, Michel décide de communiquer avec le Service technique de l’APCHQ, curieux de savoir si quelqu’un a déjà eu à faire face à une situation semblable. Eh bien, Michel a bien fait! Ce simple appel téléphonique l’a éclairé, et les pompiers n’ont pas eu à intervenir.
Le phénomène qui se produit est en fait assez simple et se manifeste principalement dans les constructions neuves. La poudre noire qui se trouve sur les murs, les cadres de portes, les cadres de fenêtres ou encore sur les plinthes électriques est en réalité de la suie. Celle-ci provient d’une source de combustion pouvant venir du générateur d’air chaud, du foyer, de la sécheuse, du chauffe-eau, des gaz d’échappement des véhicules, de la cuisinière au gaz et même des bougies utilisées par les occupant·e·s, ce qui, étonnamment, est généralement le cas. L’utilisation de bougies peut entrainer les traces de suie, et ce, même à raison d’une utilisation d’une heure toutes les deux semaines.
La suie qui se dégage des bougies ou des appareils à combustion se mélange à la vapeur d’eau dans l’air ambiant. Conséquemment, aux endroits où l’enveloppe du bâtiment est plus faible à l’étanchéité à l’air (ponts thermiques, fuites d’air, points froids, etc.), il s’effectue un mouvement de convection et l’air dépose ainsi les résidus de suie, laissant les surfaces parsemées de poudre noire.
Il n’y a pas de méthodes miracles pour corriger le problème. Les occupant·e·s doivent limiter l’utilisation de bougies ou alors les utiliser dans des endroits bien ventilés, garder les lieux propres, entretenir les filtres des appareils et repeindre si nécessaire.
Les entrepreneurs peuvent prévenir le phénomène en s’assurant de nettoyer l’habitation à fond avant la livraison puisque la suie, en se mélangeant à la poussière de construction, amplifie la quantité de poudre noire, c’est pourquoi ce phénomène se produit avant tout dans les constructions neuves.
Assurez-vous également que l’enveloppe jouisse d’une étanchéité maximale, limitez les fuites d’air et portez une attention particulière aux méthodes d’isolant ainsi qu’aux détails de jonction (ponts thermiques).