Les dédales d’un escalier!
Un escalier aux nombreuses non-conformités
La conception est parfaite : les balcons arrière servent d’issues et mènent les occupant·e·s au niveau du sol par des escaliers standards avec palier intermédiaire, le dernier escalier se terminant au niveau du sol en direction des espaces de stationnement.
Le niveau rez-de-jardin comporte deux unités en copropriétés : une petite d’environ 25 % de la superficie totale du bâtiment donnant sur la rue avant et une plus grande d’environ 75 % donnant sur la cour commune arrière. Dans les plans, l’escalier doit terminer sa course en plein milieu de cette cour.
Pour plaire au client, l’entrepreneur décide de changer le profil de l’escalier et en modifie le design; il met un escalier tournant et redirige la dernière volée hors de la cour. Le copropriétaire de la grande unité demande au syndicat de copropriété (SDC) le droit de clôturer « sa » cour, ce qui est accepté.
En raison des changements, la dernière volée d’escaliers passe maintenant devant une baie non protégée, offre un virage à 90 degrés et les marches présentent un vide entre elles. On note ici trois non-conformités, relevées par le professionnel mandaté pour la réception des parties communes, portant atteinte à la sécurité des occupant·e·s.
Il appert que l’entrepreneur n’a pas jugé nécessaire de vérifier avec son architecte ni avec la Ville si cette modification était possible. Pour ajouter à son malheur, l’erreur s’est répétée au bâtiment voisin, identique et construit en même temps.
Advenant qu’une telle réclamation soit faite auprès du plan de garantie, il y a de très fortes chances qu’elle soit reconnue. L’entrepreneur n’a pas lésiné sur les moyens… Les escaliers sont en acier inoxydable! Imaginez les coûts élevés pour apporter les correctifs requis. « On démolit et on recommence ». Et, dans le cas présent, on parle d’environ 40 000 $ fois deux puisque, rappelons-le, l’erreur a été répétée sur le bâtiment voisin.
L’entrepreneur n’a pas voulu mal faire, il voulait tout simplement satisfaire son client, ce qui est tout à son honneur. Cependant, une vérification professionnelle prétravaux aurait coûté moins cher et sauvé beaucoup de tracas. En plus de faire les travaux, il devra expliquer au copropriétaire de la grande unité que, finalement, l’escalier passera dans « sa » cour, qui est aujourd’hui aménagée.
La morale de cette histoire : ne jamais modifier les issues d’un bâtiment sans validation et autorisation écrite des professionnel·le·s. Il en va de votre propre intérêt!