Quand il fait des froids de loup, il faut que le chaud se rende aux tuyaux
Quand la glace gagne les tuyaux
La plupart d’entre nous se souviendront des vacances des fêtes de 2017-2018 comme étant celles où régnaient des froids de loup. Ces vacances où nous sommes restés encabanés à siroter du thé, emmitouflés devant notre télé, à défaut de pouvoir aller skier.
Pour d’autres, cette période de grands froids aura été celle de l’arrêt d’alimentation en eau des tuyaux et des conséquences qui s’ensuivent. C’est le cas de cet entrepreneur qui a reçu un coup de fil glacial de la part de ses clients mécontents. Apparemment, le gel s’était installé jusque dans la tuyauterie.
Les froids polaires que nous connaissons combinés au degré d’isolation du bâtiment peuvent provoquer des bouchons de glace dans les tuyaux, et ce, même si la température intérieure ne descend pas sous le point de congélation. C’est ce qui est arrivé chez les clients de notre entrepreneur.
Après avoir fermé l’entrée d’eau et ouvert quelques robinets pour faire relâcher la pression d’eau dans le réseau d’alimentation, l’entrepreneur s’est mis à la recherche de l’endroit précis où le tuyau était gelé. Par chance, il a été facile de le localiser puisqu’il connaissait bien l’emplacement des tuyaux, que des traces de condensation étaient visibles et qu’au toucher, le mur était beaucoup plus froid.
L’entrepreneur a dégarni le gypse et constaté que le tuyau n’était pas gonflé ni fendu. Si tel avait été le cas, cela aurait nécessité une intervention de plus grande envergure par un plombier certifié. À ce moment, l’entrepreneur s’est dit soulagé puisque des frais ont été évités. À l’aide de petits radiateurs électriques, la zone gelée a donc été éliminée et l’entrepreneur était prêt à revenir refermer le mur quelques jours plus tard.
Entre-temps, le propriétaire recevait sa famille la veille du Nouvel An. Ayant en arrière-plan le mur dégarni, il s’est fait un plaisir de raconter son histoire à ses invité·e·s. C’est là que le beau-frère a posé la question qui tue : pourquoi le tuyau a-t-il gelé s’il est complètement entouré d’isolant de polyuréthane giclé? (En fait, le beau-frère a plutôt dit « mousse jaune » et non « polyuréthane giclé ».) Même si elle vient du beau-frère, la question est excellente. Le propriétaire vérifiera auprès de son entrepreneur.
Pas fou le beau-frère, même avec quelques verres dans le nez. La composition du mur du sous-sol réalisée par l’entrepreneur est la suivante :
- Mur de fondation de béton coulé sur place
- 2 po d’isolant de polyuréthane giclé
- Le tuyau d’alimentation en eau
- 2 po d’isolant de polyuréthane giclé
Le tuyau se trouvant dans l’isolant, l’entrepreneur s’est dit qu’il était protégé contre le froid. Voilà l’erreur. Bien qu’il soit vrai que les tuyaux d’alimentation en eau doivent être protégés contre le froid par un isolant, non seulement la quantité doit être amplement suffisante, mais surtout, l’air chaud doit pouvoir atteindre le tuyau pour le maintenir au chaud.
Avec les froids polaires qu’on connaît en saison hivernale, la température froide pénètre plus loin dans le mur et atteint le tuyau, contrairement à la chaleur de l’air ambiant qui n’a pu se rendre jusqu’au tuyau en raison de la couche de 2 po d’uréthane qui le recouvrait.
Pensant avoir économisé des coûts en réparation puisqu’il n’avait pas eu à mandater un plombier, le tuyau n’ayant pas été endommagé, l’entrepreneur a été déçu de réaliser qu’il devra dégarnir les murs du sous-sol où passent des tuyaux pour mettre 4 pouces d’isolant de polyuréthane giclé, déplacer les tuyaux afin qu’ils soient du côté intérieur, refermer et ragréer les murs, car évidemment le sous-sol de la maison était entièrement fini.
N’oubliez pas que même bien isolé, compte tenu des froids de loup du Québec, la chaleur doit se rendre jusqu’aux tuyaux.